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SunShine Sevran

Pouvez-vous commencer par vous présenter à nos lecteurs ? Vous et l’association SunShine ?

Je suis Evelyne Naoussi, la présidente et fondatrice de l’association SunShine, je suis juriste de formation, diplômée d’un master en droit, droit de l’Homme. Et je travaille dansune ONG qui défend les droits humains. J’ai créé l’association SunShine en 2016 partant d’un constat que beaucoup de femmes restaient dans leur déni, il y’a beaucoup autour de moi des femmes qui ne se rendaient pas compte de ce qu’elles vivaient. Il y’a aussi dans ma famille quelqu’un qui vivait ses violences, donc j’avais depuis toute petite cette vocation de pouvoir défendre les femmes victimes parce que dans certains pays c’est « normal » de taper sur sa femme, et pour la femme c’est normal de subir ces coups parce que c’est comme cela dans la société. Elle s’occupe plus du « qu’en dira-t-on ? ».

C’est une association à but non lucratif, de la loi de 1901, c’est une association apolitique et areligieuse, on reçoit tout le monde. Toutes les cultures, tribus, nationalités. Elle est présente en France, à Sevran, mais il arrive que l’on accompagne des femmes qui viennent d’autres régions de la France. On reçoit des messages de personnes qui ont besoin d’aide, avec des relais on a des associations partenaires et on essaie ensemble de trouver des solutions.

Elle est aussi présente en Afrique à Yaoundé au Cameroun, où on a commencé des actions de sensibilisation auprès du jeunes publics avec comme objectifs la défense des droits des femmes et des filles, la lutte contre toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des jeunes filles aussi. Parce que l’on reçoit des jeunes filles qui même adolescentes subissent des violences et qui pensent que c’est normal que le petit copain frappe ou humilie. Mais ce n’est pas normal : c’est de la violence. Nous faisons aussi la promotion de l’égalité femme/homme et fille/garçon dans les collèges. On sensibilise dans les collèges. Comme activités, nous faisons des projections/débats afin de sensibiliser le public sur les violences faites aux femmes et l’égalité homme/femme. Nous sensibilisons aussi des jeunes dans les collèges, notamment dans la ville de Sevran puisque nous avons notre siège, sur les thèmes du sexisme, la lutte contre les violences, le cyberharcèlement, le harcèlement de rue et aussi d’autres thèmes.

Nous organisons donc depuis l’année dernière un concours d’éloquence à la direction des collégiens. Le concours permet de pouvoir libérer la parole des jeunes, les impliquer dans le débat parce que l’on constate que lorsque l’on organise des projets pendant la semaine des droits des femmes par exemple, il y’avait beaucoup de jeunes qui avaient une occasion de pouvoir s’exprimer sur ce sujet-là. L’idée de faire un concours d’éloquence c’est passionnant, et puis on forme les jeunes en amont pour pouvoir libérer leur parole, pour pouvoir s’exprimer en public, leur donner les informations sur une formation de 20h. Ensuite on fait une finale qui généralement se passe au mois de mars. Les thèmes peuvent être l’égalité fille/garçon, la lutte contre les violences faites aux femmes qui sont les principaux thèmes. Le harcèlement, le sexisme. On propose les thèmes, on a un appel à candidatures, ensuite on fait une pré-sélection et on se retrouve avec 20 candidats qui feront la formation et puis on en sélectionne 10 pour la grande finale. Pour cette année 2021, on part sur deux collèges qui seront face à face : le collège Georges Brassins et le collège Gallois. Les ateliers ont commencé et la semaine du concours sera celle du 8 mars 2021.

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Vous nous parliez de faire de la prévention en Afrique, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous étendre au territoire africain ?

Je suis Africaine d’origine bien qu’installée en France depuis plusieurs années déjà. Etant donné que de nos jours, il y’a beaucoup, beaucoup de femmes qui pour des raisons culturelles restent encore victimes des violences. En Afrique ça reste « normal » et je me suis dit « il faut faire quelque chose » surtout pour la jeune génération. C’est vrai que les choses avec l’expansion des réseaux sociaux et tout, on en parle. Mais sinon il y’a quelques années on en parlait pas du tout, c’est tabou si ton homme te frappe. Il y’a même d’autres cultures qui pensent que si ton homme ne te frappe pas c’est qu’il ne t’aime pas. Ce n’est tellement pas facile que lorsque j’étais toute petite c’était comme ça, mes tantes et ma maman aussi ont subi des violences. Et pour eux c’est normal : tu dois supporter, tu dois rester soumise à ton mari. Et moi du coup, j’arrive en Europe, je me rends compte que non, ce n’est pas comme ça bien qu’en Europe ça existe. Mais il y’a des outils, des choses à faire pour pouvoir éradiquer ou du moins éliminer au maximum ces violences. D’où l’idée de créer une branche en Afrique qui sensibilise les femmes et les jeunes aussi dans les collèges. Donc pour pouvoir apporter ma petite pierre à l’édifice de l’éradication ou de limiter au maximum les violences, et sensibiliser les femmes pour qu’elles puissent au moins prendre conscience que ce qu’elles vivent ça s’appelle des « violences conjugales ». Il y’en a beaucoup qui ne savent même pas, qui se disent « c’est l’homme, c’est lui qui commande ». Il faut savoir qu’en Afrique, comme en Europe, le système patriarchal existe encore et à fond : il y’a la domination de l’homme, c’est l’homme qui décide. Et puis, il y’a encore des jeunes filles qui pensent que le mariage est une fin en soi et qui donc se retrouvent dans des mariages où elles subissent n’importe quoi. Il y’a des femmes qui réussissent des carrières sans mari, donc j’essaie de sensibiliser la jeune génération sur le fait que le mariage n’est pas une fin en soi mais aussi que les mariages forcés c’est une forme de violence donc il faut faire quelque chose.

Quand les personnes viennent en Europe, ils se disent que c’est l’El Dorado, mais à travers mon implication j’essaie d’expliquer comment c’est ici aussi. Qu’il faut travailler par que les femmes ici, en Europe, aussi subissent des violences.

 

Pourquoi le nom SunShine ?

Le nom a une consonnance anglosaxonne. « Sunshine » ça signifie « un rayon de soleil », donc le soleil qui brille en anglais. Et moi, en fait je me suis dit qu’un thème déjà qui est lourd et je ne voulais pas un thème qui prône d’un coup le militantisme, quelque chose qui ne concerne que les femmes. Je voulais un mot qui sonnait un peu « sexy », qui n’efface pas cette tristesse déjà des violences mais qui donne un petit peu de lumière, pour Sunshine, pour un rayon de soleil, pour apporter un petit peu de soleil dans la vie de ces femmes qui est déjà très compliquée, difficile à vivre. D’où SunShine.

 

Vous disiez travailler avec d’autres associations, qui sont-elles ?

Je travaille avec La Maison des Femmes de Paris, avec d’autres partenaires tels que La Fondation des Femmes et au niveau locale je travaille avec d’autres associations. Nous travaillons main dans la main au niveau local mais aussi à un niveau un peu plus national avec La Fondation des Femmes et La Maison des Femmes, Le Centre Hubertine Auclert, L’Observatoire Départemental de la Seine Saint-Denis et puis d’autres associations puisque c’est un sujet tellement complexe qu’il faut être entouré, travailler en réseau, en partenariat. Par exemple, une femme qui arrive, je n’ai pas nécessairement une solution pour un logement donc là je vais faire appel à un partenaire pour voir s’il y’a une place de logement. Il y’a aussi le problème psychologique, où il faut accompagner des femmes, moi je ne suis spécialisée dans cela donc je les oriente au plus proche par exemple dans l’unité de soins qui s’appelle USAP. Sur le plan juridique, on a des juristes comme moi où l’on monte des dossiers de demande financière pour celles qui ne travaillent pas ou qui travaillent avec faibles revenus. Et puis on a aussi des avocats, notamment une qui est très réactive et qui accompagne ces femmes-là sur le plan juridique.

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Actuellement avez-vous une campagne en cours, en parallèle du concours d’éloquence ?

Actuellement non, la dernière que l’on a eu était le 25 novembre dernier et donc présentement nous n’avons pas de campagne. C’était à l’occasion de la Journée Internationale de Lutte contre les Violences faites aux Femmes. Ce n’était pas une campagne en tant que telle mais c’était une action de sensibilisation dans des collèges, des classes de 3ème, sur le thème du sexisme. La prochaine grosse action de l’association sera durant la semaine du 8 mars parce que l’association est membre du collectif « Violences faites aux Femmes » de la ville de Sevran qui organise un partenariat avec d’autres acteurs associatifs pour la semaine des droits des femmes donc en mars. Là, on va commencer mais à cause du confinement on n’a pas pu commencer mais c’est ce que l’on prépare actuellement.

En parlant de Covid, cette période est un peu particulière où les chiffres ont grimpé, comment vous l’avez perçu ? Comment cela s’est passé à votre échelle ?

Du côté associatif j’ai vu une recrue naissante des appels par rapport à une période normale, il y’a des femmes qui ont plus appelé. Le constat est là, beaucoup de femmes se retrouvent confinées avec leur conjoint violent et à côté il y’a des enfants qui subissent ses violences. Il y’a donc une recrue naissante des cas de violences pendant cette période de confinement. Du coup au niveau de l’association, ça pousse l’activité. On reste en permanence sollicité, des femmes qui quittent et qui parfois n’ont rien à qui il faut trouver des solutions. Déjà l’association reçoit tout le temps. Là, nous avons reçu un don de vêtements que l’on va distribuer à des victimes qui laissent tout tellement la peur est présente pour pouvoir être à l’abri au plus vite et puis nous les encourageons dans ce sens-là, à se sauver. On reçoit aussi des dons de toute nation pour pouvoir assister ces femmes-là parce qu’il faut des kits hygiéniques, répondre aux besoins de première nécessité.

Même psychologiquement ça détruit de femmes, et puis à côté les victimes collatérales dont les enfants. C’est très difficile.

 

Auriez-vous un message à faire passer à nos lecteurs, surtout durant cette période de notre projet Entre 4 Murs ? Aux gens qui vont nous suivre, prendre part ?

Nous sommes tous concernés, toutes les catégories sociales de femmes : de la cadre à celles en difficultés financières. Nous sommes toutes dans ce combat. Il n’y a qu’ensemble que nous allons pouvoir éradiquer le problème des violences conjugales. Il faut être vigilants de ce qui se passe autour de nous comme avec nos voisins par exemple etc.… des gens qui n’arrivent pas à s’exprimer, qui sont sous emprise. Il faut donc aider ces femmes-là. Le mot d’ordre c’est « ensemble ».

De plus il faut soutenir de petites associations, car ces petites associations sont réellement au contact direct, elles sont sur le terrain. Il y’a des grosses fondations qui gèrent, qui font beaucoup de choses mais qui sont plus au niveau de la collecte de fonts et tout mais les petites associations sont plus au contact. Et puis il faut savoir qu’une association comme la mienne travaille plus encore avec un public précaire dans une ville comme Sevran avec une consonnance de personnes plus étrangères. Donc on reçoit une majorité, pas toutes, de femmes d’origine étrangère. Donc déjà il y’a cette précarité-là et puis s’ajoutent les violences ce qui rende cela très difficile à vivre Donc mon appel c’est vraiment, si on peut avoir de l’aide Qu’on se mette ensemble, que l’on relaie les informations de sensibilisation sur les réseaux sociaux, ça ne coûte pas grand-chose.

 

Parfait, juste pour conclure, on peut vous retrouver sur Facebook. Peut-on vous retrouver ailleurs ?

Nous avons actuellement un site internet qui est en maintenance, qui faudrait que je remette en ligne. Nous sommes donc principalement sur Facebook mais le site internet est en cours. Mais comme j’ai pu voir qu’Entre 4 Murs est sur Instagram, je n’ai pas encore de compte mais je compte m’y mettre. Nous sommes le plus réactifs sur Facebook. De plus, pour nous rencontrer nous avons notre adresse à Sevran et nous faisons aussi des permanences au centre commercial Beau Sevran. Il y’a un point d’écoute et d’accueil qui a été mis en place par la municipalité et est géré par 4 associations dont SunShine et nous sommes là le samedi de 10h à 12h avec ou sans rendez-vous. C’est très important si les gens veulent venir nous parler, c’est important de parler.

Pour Entre 4 Murs, j’ai été très contente d’être solliciter et de me rendre compte qu’il y’a des jeunes qui s’intéresse au sujet et pas seulement des adultes notamment parce qu’il y’a des adolescentes qui sont victimes de violences conjugales.

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