My Harmony
"Nous intervenons auprès des victimes de violences, de harcèlements, de mutilations génitales et nous luttons contre la précarité menstruelle. Chez My Harmony nous accompagnons les victimes à regagner leur autonomie, leur confiance et estime de soi qui passe par le bien-être.
Nous apportons tout le soutien nécessaire pour que les victimes puissent retrouver leur dignité et une santé mentale saine.
Pour toucher toutes les personnes qui auraient besoin de notre aide, nous sommes présents sur Facebook, Instagram et par notre blog.
Nous organisons des récoltes de produits d'hygiène pour ensuite les redistribuer aux personnes dans le besoin."
Nous avons eu le plaisir d’interviewer Mickael Crochet, le trésorier de My Harmony, qui nous a parlé plus en détail de l’association.
Pouvez-vous nous présenter My Harmony, ses missions et ses actions ?
On est une jeune association, créée cette année. Nous luttons contre les violences conjugales, c’est vraiment l’ordre de bataille de l’association. Nous ne faisons pas de distinction entre les violences faites aux femmes et les violences faites aux hommes. On inclut dans notre lutte quotidienne les deux violences car en général quand on parle de violences conjugales on a plutôt tendance à penser aux violences qui sont perpétrées par les hommes sur les femmes. Cependant, nous nous occupons aussi bien des femmes que des hommes. Ensuite, nous avons une branche qui s’occupe des problèmes de précarité menstruelle.
Pour les actions qui sont relatives aux violences conjugales, nous avons un support téléphonique car étant une jeune association nous n’avons pas encore de locaux et avec la crise sanitaire c’est difficile de rencontrer les gens donc nous recevons les gens par appel, par vidéo conférence.
Nous sommes une structure constituée d’une présidente, Maïmouna Dienna. En tant que trésorier, je m’occupe de tout ce qui est administratif, des demandes de financement en collaboration avec la présidente. Ensuite, il y a des travailleurs sociaux bénévoles, ça va du psychologue à l’avocat, la juriste. Nous nous chargeons de l’accueil des victimes, on leur fait faire une évaluation, un questionnaire avec des questions fermées. A partir de certaines questions où les victimes répondent oui, nous déclenchons une mise en sécurité de la personne. Par exemple, est-ce que vous sentez en danger dans l’immédiat ? Si la personne répond oui, on fait appel au 115 avec qui on a un partenariat. Le 115 SOS femmes se charge de trouver des hébergements. C’est assez rapide. Ensuite si le dossier n’est pas considéré comme principalement dangereux ou une urgence extrême, on fait un suivi. Vous savez, en fait, il y a des gens qui viennent vers nous et qui n’osent pas sauter le pas de quitter le domicile donc notre travail c’est aussi d’accompagner ces victimes. On les accueille dès le début jusqu’à la reconstruction. Ce n’est pas juste un centre d’appel où les gens viennent vous dire qu’ils sont violentés et après on appelle le 115. On fait un suivi établi par des psychologues. Par exemple, en ce moment on suit une personne avec attention car elle est en procès. Le fait qu’elle nous ait appelé à déclencher un procès et donc on l’aide car on apporte aussi une aide juridique, une aide psychologique et aussi une aide sociale pour retrouver l’autonomie car sortir de ce cadre de vie c’est difficile. On aide aussi à trouver des logements.
Etes-vous en relation avec d’autres associations qui viennent en aide aux victimes de violence conjugales ?
Nous tissons des liens avec d’autres associations qui sont plus compétentes sur certains points étant donné notre ancienneté donc on redirige les victimes vers ces associations. On est aussi en contact avec le 115 qui est spécialisé dans la recherche d’hébergement d’urgence.
Il faut savoir qu’avec la crise COVID, les victimes de violence sont traitées assez rapidement. Il y a un travail d’attention fait par le gouvernement sur les violences conjugales pendant le COVID. Ça a explosé lors du premier confinement, ça commence aussi à exploser actuellement. Il y a des mesures qui sont mises en place et qui sont bien pour les associations comme nous.
Avez-vous une campagne en cours ?
On a une campagne en cours mais deux campagnes devaient avoir lieu en simultané. Il y avait une campagne d’affichage concernant les violences conjugales. L’équipe informatique qui s’occupe de tous nos réseaux sociaux, avait préparé des affiches qui avaient été proposées aux mairies qui étaient d’accord pour les afficher mais ça a été stoppé car ça n’a pas été jugé comme prioritaire bien que les violences conjugales soient un sujet sensible pendant le COVID. Finalement, c’est que dans la commune où est basée l’association, à savoir Roissy-en-Brie dans le département du 77, que des affiches ont quand même pu être diffusées sur des panneaux numériques.
En ce moment, sur la deuxième partie de l’association, la précarité menstruelle et la précarité des hommes, on a mis en place l’idée de constitution d’un kit qui serait distribué aux victimes qui se trouveraient dans des centres d’hébergement ou dans d’autres structures. En fait, les gens se retrouvent du jour au lendemain sans revenus pour la plupart donc on a décidé de créer un kit de première urgence avec du dentifrice, du savon, du déodorant, des serviettes hygiéniques pour les femmes, un rasoir pour les hommes. En ce moment, on a une campagne de collecte de dons qui a débuté il y a deux semaines. On est allé récupérer des produits en faisant une campagne dans le centre commercial Terre Ciel de Chelles. Il y a aussi d’autres projets à venir. Pour la journée nationale de la lutte contre les violences conjugales, on avait prévu de faire quelque chose mais ça a été avorté à cause du COVID. C’est compliqué mais on se démène et on arrive à mettre en place des choses.
Avez-vous un dernier mot à ajouter pour nos lecteurs ?
Il faut que les gens soient attentifs autour d’eux, c’est vraiment quelque chose de très grave à mon sens et que les gens soient vigilants. S’ils remarquent un changement de comportement d’une personne comme une personne qui se protège dès qu’il y a un mouvement brusque, c’est un geste qui montre que la personne est victime de violence. Il faut savoir aussi qu’il y a plusieurs violences. Ici, on parle de violences physiques mais il y a aussi la violence psychique, l’emprise mentale mais aussi la violence qu’on appelle la violence économique, peu connue du grand public et qui fait que certaines personnes refusent de partir. C’est en fait le bourreau qui détient les finances du couple et qui impose ce qu’il veut à sa victime. C’est une violence assez courante mais qui n’est pas considérée comme de la violence conjugale pour certaines victimes. Il faut bien faire attention à ce type de violence également.
Il faut que le message soit diffusé à une très grande échelle pour que les gens prennent confiance en les associations qui sont là pour les soutenir.
Je tiens à remercier l’équipe du 115 qui est formidable, leur travail gagne à être connu. C’est vraiment une cause qui me tient à cœur et qui à mon sens n’a pas assez de visibilité. On veut dire aux victimes qu’on est là pour elles. Ça peut faire peur mais il y a des professionnels qui sont là pour vous soutenir, vous aider. Il faut que les gens osent en parler, il y a des structures qui sont là pour ça. Il faut libérer la parole et que ces violences cessent.
Nous tenons à remercier Mickael Crochet de nous avoir accordé cette interview ainsi que l’association My Harmony qui soutient notre projet.
Vous pouvez les retrouver et les soutenir sur :
https://www.instagram.com/myharmony_association/?igshid=1jeqhn2v3xkj1