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Qui était Hubertine Auclert ? 

 

 

 

Ce nom ne vous dit rien ? C’est normal. Contrairement à d’autres grandes figures du féminisme en France, Hubertine Auclert est malheureusement trop méconnue. Cela tient certainement au fait qu’elle était très radicale dans ses actions et ses positions, ce qui lui a valu une certaine marginalité dans les mouvements féministe et socialiste. 

 

Considérée comme une figure centrale dans l’histoire du mouvement des droits des Françaises, elle a pourtant jouer un rôle très important dans la libération de la femme à une époque où la bataille de la parité était loin d’être gagnée.

 

Une enfant rebelle

 

Dès son plus jeune âge, elle a un exemple de révolte à l’autorité établie fourni par sa mère qui se consacre aux filles-mères, qui sont rejetées par leurs familles, pour les aider à trouver du travail. À la mort de ses parents, elle sera successivement placée dans deux couvents. Mais, jugée trop indépendante par les religieuses, elle est rejetée de la vie monacale, ce qui fait surgir en elle un ressentiment anticlérical. 

 

Elle part à Paris à une époque où la chute de Napoléon III et l’avènement de la Troisième République ouvrent la voie à l’activisme des femmes, qui exigent des changements dans le Code Napoléon en faveur de l’éducation, de l’indépendance économique, du divorce, du droit de vote etc. 

 

Une « féministe intégrale »

 

Remarquée par Victor Hugo, elle entre au journal « l’Avenir des femmes » et s’engage dans le mouvement pour défendre le droit des femmes. 

 

Elle se veut une « féministe » intégrale et a une vision radicale de l’émancipation des femmes : toute sa vie, elle revendiqua l’égalité sur tous les plans entre les hommes et les femmes. 

 

À l’inverse de nombreuses autres féministes, qui revendiquent d’abord l’égalité des droits civils, Hubertine Auclert choisit de militer en faveur des droits politiques des femmes : le droit de vote et le droit à l’éligibilité. En effet, pour elle, le régime civil inégal entre les hommes et les femmes n’aurait pas été voté si les femmes avaient pu être présentes à l’Assemblée. En ce sens, elle fonde en 1876 la société « Le droit des femmes », qui deviendra « Le Suffrage des femmes » en 1883. 

 

Elle lance ensuite, en 1881, le journal « La Citoyenne » pour défendre la libération de la femme et réclamer son affranchissement. Elle y dénonce, par exemple, en 1884 la loi sur la mariage qu’elle juge très défavorable aux femmes et propose la mise en place d’un contrat de mariage avec séparation de biens. Elle réclame également la féminisation de certains mots, comme avocat ou député, car, selon elle, « l’omission du féminin dans le dictionnaire contribue, plus qu’on ne croit, à l’omission du féminin dans le code ». Par cela, elle soutient que les femmes doivent pouvoir exercer les mêmes fonctions que les hommes. 

 

En 1888, elle suit son mari en Algérie pour 4 ans et publie, en 1900, « Les femmes arabes » dans lequel elle dénonce le mariage des enfants ou encore la séquestration des femmes et surtout la tolérance du gouvernement français vis-vis de ces agissements qu’elle accuse de vouloir garder un système sans éducation des filles. 

 

Grâce aux actions des féministes de l’époque, certains combats aboutissent. Par exemple, en 1907, au Conseil des prud’hommes, les femmes deviennent électrices puis éligibles et, en 1908, les Françaises mariées obtiennent le contrôle de leurs propres salaires. Mais cela n’est jamais suffisant pour Hubertine Auclert, qui recherche l’égalité complète entre les hommes et les femmes. 

 

Durant son activisme de militante féministe, Hubertine Auclert n’a peur de rien et mène des actions spectaculaires, comme faire une grève des impôts, créer du chahut lors des cérémonies de mariage au moment de la lecture de l’article affirmant que la femme doit « soumission et obéissance », briser une urne aux élections municipales de Paris ou présenter sa candidature aux élections législatives pour défier les autorités. 

 

Elle se distingue également des autres féministes par le fait de s’adresser simultanément aux femmes et aux hommes. Elle incite les femmes à se révolter pour ne pas se faire complice de leur oppression et appelle les hommes à être solidaires avec ces dernières. Pour elle, c’est ensemble qu’il faut oeuvrer pour aboutir à une société vraiment « démocratique ».

 

Terme « féminisme »

 

Il est souvent attribué, à tort, au philosophe français Charles Fourier. En réalité, avant 1870, le terme féminisme appartient au vocabulaire médical pour désigner une féminisation des sujets masculins atteints par un certain type de tuberculose. Le terme est ensuite repris par Alexandre Dumas fils, dans son pamphlet « L’homme-femme », pour discréditer les militantes. Le terme « féministe » était ainsi jusqu’alors utilisé dans un sens négatif. 

 

Mais Hubertine Auclert va, elle, le revendiquer en devenant la première militante française à se déclarer « féministe ». Ainsi, le terme féminisme, et la doctrine associée, est défini explicitement comme la lutte pour améliorer la condition féminine. Elle utilise le terme dans une lettre adressée au préfet de la Seine dans laquelle elle s’oppose aux restrictions récemment imposées sur les discours prononcées pendant les cérémonies du mariage civil à la mairie. 

 

Hubertine Auclert s’est battu pour les droits des femmes jusqu’à sa mort en 1914. Encore aujourd’hui, elle influe notre société de par ses idées comme peut en témoigner le centre Hubertine Auclert, qui vient en aide aux personnes victimes de violences sexistes. 

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